À moins de vivre dans une grotte, vous ne pouvez pas être passé à côté des « Ranger pour être bien chez soi », « Désencombrer pour alléger son esprit » « Ranger pour être plus heureux », …
Le rangement, le désencombrement et l’organisation sont autant de sujets dont on parle de plus en plus comme une solution miracle, presque magique. Mais est-ce une nouvelle mode ou un réel besoin lié, peut-être, à notre société actuelle?
Cette course au bien-être et au rangement, cette voie royale vers une vie minimaliste et un logement épuré peut finir par nous mettre la pression. Mais que doit-on en penser ? Sera-t-on réellement plus heureux en vivant dans une maison où rien ne dépasse ? Faut-il en arriver à un tel dénuement pour se sentir bien ?
Faisons un petit voyage dans le temps pour revenir au siècle dernier. Les intérieurs étaient parfaitement rangés et bien propres. Dans les penderies, le linge amidonné était magnifiquement repassé et plié. Rien n’était laissé au hasard, tout le ménage était à jour et les intérieurs tirés au cordeau. C’est bien joli, mais notre style de vie actuel a énormément évolué par rapport à cette époque pourtant pas si lointaine.
Nous manquons de temps
Les femmes de l’époque n’étaient pas plus « wonder women » que celles d’aujourd’hui. Beaucoup étaient mamans au foyer et il était hors de question pour elles de présenter une maison qui ne soit pas parfaitement entretenue et tenue. Tout comme les hommes se devaient d’avoir un travail stable et une carrière entière au service de la même société, c’était une question de valeurs et un gage de réussite.
Vous allez peut-être dire que je caricature un peu. Mais pas tant que cela !
Aujourd’hui tout cela a bien changé. La stabilité de l’emploi n’existe plus, on change beaucoup plus souvent de job, pas toujours par choix personnel. Travailler n’est plus une fin en soi, c’est une obligation pour pouvoir assurer les autres pans de notre vie, comme nos loisirs par exemple.
Du coup le ménage, le repassage, la vaisselle, les courses, les repas deviennent un poids, une obligation que l’on tente de déléguer lorsque c’est possible. Faute de temps ou d’envie, toutes ces tâches ne font plus partie de nos priorités. Il faut que ça aille vite, de plus en plus vite. C’est le moment de dégainer les titres-services, de faire ses courses en ligne, de passer chez le traiteur, de commander des boxes repas. Notre société évolue.
Ce temps libre qui n’est jamais suffisant, on veut en profiter au maximum tout en veillant à nous réaliser dans nos vies privée et professionnelle. Les loisirs et les activités prennent beaucoup de place dans notre agenda. On manque de temps pour faire tout ce que l’on voudrait !
Nous occuper de nos logements est n’est plus une priorité. D’ailleurs on y passe de moins en moins de temps. Par contre les instants qu’on y passe doivent être des moments de qualité. Paradoxe des temps modernes, avec nos vies qui défilent à 100 à l’heure, on n’a jamais eu autant besoin de nous ressourcer, de rentrer chez nous pour recharger nos batteries afin de pouvoir à nouveau affronter le monde qui nous attend. Notre maison est devenue comme une seconde peau, un espace de sécurité et de plénitude dans ce monde, notre zone de confort, notre « Home Sweet Home ».
Nous (sur)consommons et nous étouffons
Notre façon de vivre a changé, tout comme notre façon de consommer. Nous sommes ancrés dans une société de consommation et de surconsommation. Sans cesse nous achetons, de tout, à n’importe quel prix, tant financier qu’humain.
Les magasins discount ouvrent aussi vite que les agences de titres-services. Nous ne réfléchissons plus à nos besoins réels, nous achetons parce que la société actuelle nous fait miroiter une vie plus heureuse grâce à toutes ces choses. Vous savez, les lessives pour les vêtements noirs, les déodorants qui font tomber toutes les filles, la marque de sous-vêtements qui remontent la poitrine, le jeans qui remonte les fesses, les collants qui font des micro massages, les boissons lactées avec des probiotiques, les aliments « santé », les aliments régressifs qui font du bien …
Nous achetons trop, nous mangeons trop, nous débordons de partout !
L’obsolescence programmée des objets (électroménager en panne, smartphones dépassés qu’on ne peut plus mettre à jour, chaussettes trouées après quelques semaines) achève de nous encombrer de choses inutiles et inutilisables.
Nous voilà dépassés par le temps et encombrés d’objets inutiles que nous avons appris à ne pas jeter car ils « pourraient servir ». L’encombrement est garanti !
Libérons-nous !
Moins de temps, de mauvaises habitudes de (sur)consommation, nous en arrivons à étouffer chez nous. Nos maisons débordent de souvenirs encombrants, de choses dont nous n’osons pas nous débarrasser. Nous gardons, nous stockons, nous entassons au point de ne plus savoir ce que nous avons ou même où nous avons rangé nos objets. Alors nous rachetons.
Dans certains cas, la maison devient un lieu honteux qu’on n’ose plus montrer. Un lieu d’isolement par voie de conséquence.
C’est vrai, il y a peut-être une mode du rangement, mais c’est également un courant qui répond à un réel besoin. Quand vient l’heure du rangement, et surtout celle du tri, arrive l’heure de la libération. Lorsque nous rangeons notre maison, nous rangeons notre esprit, nous remettons de l’ordre dans nos idées.
Retrouver de l’espace chez soi c’est retrouver le plaisir d’y passer du temps de qualité, de s’y ressourcer, d’y recharger nos batteries, d’y voir plus clair, de gagner du temps, de gagner en qualité de vie et, au final, d’être plus heureux !